R-181737-1173309386.jpeg1985 semble être l’année d’or pour Simple Minds. En début d’année ils ont enregistré la chanson « Don’t You (Forget About Me) » pour la bande originale de The Breakfast Club, un titre qui avait été auparavant refusé par Billy Idol et Bryan Ferry. Le succès fut énorme, en faisant l’un des morceaux les plus identifiables des années 80. Curieusement le titre ne sera pas repris par le groupe sur l’album à suivre. Probablement parce qu’il n’était pas une composition personnelle. Cela dit, il préfigurait déjà le son de ce qui allait être Once Upon A Time. Entre temps, le bassiste Derek Forbes aura quitté le groupe. Il sera remplacé juste à temps pour le Live Aid par John Giblin. Après avoir utilisé des conseils de Steve « sound of 80’s » Lillywhite pour l’album précédent (Sparkle In The Rain), c’est un autre producteur mythique qui vient s’occuper de leur offrir un son en or, Jimmy Iovine.

Comme Reckless de Bryan Adams ou Kick d’INXS, Once Upon A Time fait partie de ces albums qui semblent avoir été pensés pour être le plus tubesque possible. Ne cherchez pas une quelconque démarche artistique ici, chaque morceau ne poursuit qu’un but: cartonner sur les ondes. Faut-il pour autant dévaloriser ce que Simple Minds a fait ici ? Certes non, car il n’est pas si facile d’arriver à réaliser un album alignant tube sur tube, d’autant qu’à aucun moment le groupe ne se répète, ne va marcher sur les plates-bandes d’un voisin ou ne cède à la facilité. On sent que le groupe et leur producteur ont travaillé dur pour obtenir les meilleurs morceaux et les meilleurs arrangements possibles. Le bon accord de guitare au bon moment, le son de clavier qui ressort le mieux, la ligne de chant qui prendra le mieux l’auditeur par la main pour le conduire sur la piste de danse. Bref, Once Upon A Time est dans son genre un travail d’orfèvre, soigné, léché et à cent lieux des débuts Post Punk du groupe (mais qui s’en souvient ? ).

L’une des forces de l’album, c’est le son de batterie énorme. C’est l’une des grandes spécialités de Iovine, il est vrai, et il a été diablement servi avec ce galérien de Mel Gaynor. Celui-ci explose dès l’intro de « Once Upon A Time ». Michael MacNeil multiplie les couches de claviers sans que ceux-ci ne sonnent à aucun moment kitsch, Charlie Burchill vient poser de discrètes interventions à la guitare qui ne se repèrent peut-être pas immédiatement mais dont l’absence s’entendrait à coup sûr. Et puis il y a bien sûr la voix magnifique de Jim Kerr, claire et puissante, à laquelle répond la voix tout aussi magnifique de la chanteuse Robin Clark, véritable sixième membre du groupe sur ce disque. L’intensité ne baisse pas sur cet « All The Things She Said » accrocheur au possible et sur lequel la guitare de Burchill se fait un peu plus présente. Simple Minds sait à coup sûr comment doser ses effets pour donner des frissons à l’auditeur. C’est un riff de guitare gorgé de delay (façon David Gilmour ou The Edge) qui introduit « Ghost Dancing », un titre plus rapide et Rock que les deux précédents et où la frappe de Gaynor fait encore une fois mal. Cela dit la dominante Pop reste toujours très présente.

« Alive And Kicking », c’est bien sûr le tube de l’album. Le groupe se fait plus calme, plus tendre et les couleurs musicales plus douces que sur les trois titres précédents, mais ce n’est que pour permettre au refrain de mieux faire exploser toute sa beauté. Le dansant « Oh Jungleland » permet également à Burchill, MacNeil et Gaynor de faire montre de leurs talents d’instrumentistes pour offrir à Kerr, qui semble s’être dépassé sur cet album, le moyen de fournir la meilleure performance possible. Encore un titre hyper accrocheur. Moins immédiat, « I Wish You Were Here » est pourtant tout aussi soignée, un brin funky et porté par une ligne de basse simple mais très efficace de John Giblin. Le très radiophonique « Sanctify Yourself » apparaîtra comme un peu moins fin par rapport à ses compagnons de voyage, mais cela reste malgré tout un titre très réussi et dont l’effet est garanti sur une piste de danse. C’est par le posé et luxuriant « Come A Long Way » qui le groupe finit notre voyage musical. Une manière pour le moins vibrante de l’achever tant ce titre est à nouveau d’une beauté parfaite.

Bref, vous l’auriez compris, ce Once Upon A Time est un véritable bijou ; un chef d’oeuvre de New Wave/Arena Pop/Rock FM, appelez-le comme vous voulez. Aucun titre faible, ce qui n’est pas si fréquent et un énorme succès mérité. La tournée qui suivit donnera lieu à un live magique enregistré à Paris, Live In The City Of Light, tout aussi indispensable et où les morceaux de l’albums (et les autres) se trouvent encore transcendés. Oui, en 1985 c’était bien l’année d’or pour Simple Minds et ils semblaient bien partis pour l’emporter sur leurs ‘rivaux’ de U2. Hélas, difficile de faire suite à une telle réussite. Essayant de ne pas se répéter, voulant diminuer l’aspect commercial de leur musique, Simple Minds n’arrivera jamais à faire aussi bien et les changements de line-up provoqueront une chute progressive de popularité et de qualité.

Tracklist:
1. Once Upon A Time
2. All The Things She Said
3. Ghost Dancing
4. Alive And Kicking
5. Oh Jungleland
6. I Wish You Were Here
7. Sanctify Yourself
8. Come A Long Way

Musiciens:
Jim Kerr: Chant
Charlie Burchill: Guitare
Michael MacNeil: Claviers
John Giblin: Basse
Mel Gaynor: Batterie
Robin Clark: Chant

Producteur: Jimmy Iovine & Bob Clearmountain