Fort d’un premier album éponyme réussi qui n’a pas laissé insensible le public australien, COLD CHISEL ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et pense déjà à proposer un digne successeur à ce disque, qui a bien marché au pays. Après tout, comme le dit si bien l’expression: il faut battre le fer tant qu’il est chaud.

Le second album de COLD CHISEL a pour titre Breakfast At Sweethearts et sort en février 1979, soit moins d’un an après le premier album sans titre. Il faut dire que le groupe emmené par Jimmy Barnes et Ian Moss a toujours le feu sacré et désire ardemment le faire savoir.

Si COLD CHISEL flirtait assez souvent avec le Hard Rock sur le disque précédent, il se vautre complètement dans ce courant musical sur plusieurs titres: d’abord sur « Goodbye (Astrid Goodbye) », un morceau qui voit riffs crus et piano boogie enjoué cohabiter, qui donne aussi une furieuse envie de secouer la tête, de sauter dans tous les sens et peut s’apparenter à une sorte de réponse au célèbre « Let There Be Rock » d’AC/DC. Ensuite, sur « Shipping Steel », un mid-tempo entêtant, efficace qui se situe dans la moyenne des bons titres de l’époque dans le genre, renforcé par la présence d’une slide et qui pourrait être perçue comme une sorte de « Not Fade Away » (de Buddy HOLLY) en plus féroce, plus survolté. Moins foncièrement Hard, des titres tels que « Merry-Go-Round », doté d’une rythmique binaire efficace, le sautillant « The Door », un tantinet Rockabilly sur les bords et marqué par un break impromptu au beau milieu d’un ensemble déjanté, ou encore le Boogie-Rock « I’m Gonna Roll Ya », exécuté sur un rythmé fou avec toujours ce piano qui donne efficacement le change aux guitares, demeurent résolument Rock n’ Roll et sont parfaitement taillés pour faire bouger le public sur scène, pour y mettre le feu.

Comme sur le précédent disque, COLD CHISEL propose des titres plus variés, plus nuancés. Ainsi, « Conversations » débute calmement au piano, puis voit la section rythmique basse/batterie monter en puissance avant d’obliquer vers un Pub-Rock roots, rythmé à souhait, impulsé par un harmonica volubile, caractérisé de surcroît par un bref intermède narratif de Jimmy Barnes entre 2 salves tonitruantes. Plus mélodique, le mid-tempo « Dresden », qui a un pied dans le Pub-Rock et un autre dans le Blues-Rock, est assez proche de DIRE STRAITS, voit le piano et les guitares claires se répartir équitablement l’espace sonore et se révèle potentiellement tubesque. Comme sur le précédent album, Ian Moss pousse la chansonnette et c’est sur la ballade au piano à l’ambiance cool, mélancolique « Plaza » qu’il s’y colle et si ladite ballade est sympathique, elle est quand même un peu courte et aurait sûrement gagné à être un poil plus travaillée. De plus, elle est pénalisée par le fait d’être coincée entre 2 titres Hard Rock dans la tracklist de l’album. COLD CHISEL surprend, se fait plus aventureux sur des titres tels que le funky « Showtime » qui s’écarte, certes, des sentiers battus, mais sur lequel le groupe reste crédible, ou encore « Breakfast At Sweethearts », morceau à mi-chemin entre Blues et Reggae qui est habilement déguisé en ballade crépusculaire, pleine d’émotion et dont le refrain est inattendu.

Ce deuxième album de COLD CHISEL s’inscrit donc plus ou moins dans la continuité de son prédécesseur, mais avec quelques nuances, quelques petites surprises ici et là. Breakfast At Sweethearts est globalement réussi, même s’il peut être situé un chouia en dessous du précédent album, et il semblerait que COLD CHISEL en ait gardé un peu sous le coude. Toujours est-il que COLD CHISEL a décroché 2 petits hits (« Goodbye (Astrid Goodbye) » et « Breakfast At Sweethearts » se sont classés respectivement 65ème et 63ème au pays) et son second album a été également disque d’or, étant monté jusqu’à la 4ème place du Top albums australien. COLD CHISEL poursuit sa progression et la question est de savoir jusqu’où il peut aller.

Tracklist:
1. Conversations
2. Merry-Go-Round
3. Dresden
4. Goodbye (Astrid Goodbye)
5. Plaza
6. Shipping Steel
7. I’m Gonna Roll Ya
8. Showtime
9. Breakfast At Sweethearts
10. The Door

Line-up:
Jimmy Barnes ‘(chant)
Ian Moss (guitare, chant)
Don Walker (piano, orgue)
Phil Small (basse)
Steve Prestwich (batterie)
David Blight (harmonica)

Label: Elektra

Producteur: Richard Batchens