Si le nom de COLD CHISEL n’évoque pas grand chose pour une grande majorité de francophones, il n’en est pas de même en Australie. En effet, ce groupe est une institution au pays des Wallabies (c’est le surnom attribué à l’équipe de rugby australienne), où il a vendu plusieurs millions d’albums depuis 1978. COLD CHISEL a même été admis au ARIA Hall Of Fame en 1993.

Formé en 1973 sous la houlette du guitariste Ian Moss, du batteur Steve Prestwich et du pianiste Don Walker, COLD CHISEL voit sa carrière boostée par l’arrivée du chanteur Jimmy Barnes qui, avec le temps, sera un atout de poids pour le groupe. Quelques temps après avoir signé chez Elektra, COLD CHISEL s’attaque à l’enregistrement de son premier album auto-intitulé qui, finalement, voit le jour le 24 avril 1978.

Cette sortie est une excellente occasion pour faire plus ample connaissance avec ce groupe originaire de la ville d’Adelaide. Et COLD CHISEL a de sacrés arguments à faire valoir en proposant un disque tantôt brut de décoffrage, tantôt plus sophistiqué. Si le groupe australien s’est fait connaître grâce au single « Khe Sanh », qui narre l’histoire d’un australien qui a fait la guerre du Vietnam, puis est revenu à la vie civile traumatisé et qui s’est classé 40ème du Top-singles du pays, cette chanson représente bien la quintessence du Pub-Rock, genre musical auquel est affilié COLD CHISEL, en mélangeant Heartland-Rock, Blues, Folk à base de piano, d’harmonica et de guitares, tandis que la voix de Jimmy Barnes transcende un ensemble accrocheur, sans pour autant être dénué de sensibilité, bien au contraire. COLD CHISEL n’a pas son pareil pour faire monter la température, laisser la poudre parler et il le démontre gaillardement avec l’enthousiasmant « Juliet », un titre Rock n’ Roll endiablé, coloré, qui est joué sans arrière-pensée, renforcé par un piano boogie, flirtant même avec le Hard Rock, le contagieux et addictif « Home And Broken Hearted », brûlot Boogie-Rock chaud bouillant et rythmé à souhait, très root, s’avérant même être une invitation à la fiesta Rock n’ Roll, ou encore « Daskarzine », à la croisée des chemins entre Hard Rock et Boogie-Rock, qui est joué sur un rythme effréné qui entraîne sans difficulté l’auditeur dans un tourbillon infernal et qui voit guitare et piano virevolter à qui mieux mieux. Pour arrondir les angles, le groupe australien se fend avec « Northbound » d’un mid-tempo Blues-Rock très roots qui va à l’essentiel et, dominé par un harmonica reste d’autant plus accrocheur que Jimmy Barnes se montre impérial au chant. 3 ballades, enfin, viennent compléter ce premier album de COLD CHISEL. « Just How Many Times » évoque tour à tour l’ambiance des cabarets, ainsi que celle des bars enfumés des 50’s, 60’s et parvient à se montrer touchante de sensibilité grâce à l’interprétation sans faille de Jimmy Barnes, décidément à l’aise dans plusieurs registres. Enfin, le guitariste Ian Moss se colle au chant sur les 2 autres ballades: il se la joue crooner sur « One Long Day », titre quasi-jazzy de 7 minutes qui voit le piano prendre le dessus sur la guitare, plus en retrait, et se faire à la fois nonchalante et swinguante dans son propos. Enfin, sur « Rosaline », il est plus conventionnel, mais cela n’enlève rien aux qualités de cette ballade élégante, sobre, embellie de surcroît par un solo cool de saxophone qui lui confère un côté jazzy et qui joue la carte de l’émotion sans tomber dans le larmoyant ou être trop dégoulinant de bons sentiments.

Il n’y a pas à tergiverser longtemps: ce premier album éponyme de COLD CHISEL est une belle et franche réussite qui montre un groupe capable de varier les plaisirs avec la même efficacité à chaque fois. La voix puissante et chaleureuse de Jimmy Barnes est un des points fort du disque. En ajoutant un sens de la compo imparable, l’inspiration au rendez-vous, l’enthousiasme qu’a su transmettre le groupe d’Adelaide, ce premier album mérite d’être rangé aux côtés des premiers albums réussis de l’année 1978 réalisés par VAN HALEN et THE CARS. D’ailleurs, ce disque est monté à la 31ème place des charts australiens pour atteindre le cap du disque d’or et COLD CHISEL vient de prouver qu’il avait tout pour casser la baraque sur le plan international.

Tracklist:
1. Juliet
2. Khe Sanh
3. Home And Broken Hearted
4. One Long Day
5. Northbound
6. Rosaline
7. Daskarzine
8. Just How Many Times

Line-up:
Jimmy Barnes (chant)
Ian Moss (guitare, chant)
Don Walker (orgue, piano)
Phil Small (basse)
Steve Prestwich (batterie)
David Blight (harmonica)
Wilbur Wilde (saxophone)
Joe Camilleri (saxophone)

Label: Elektra

Producteur: Peter Walker