Quelques mois seulement après leur formation à San Jose, au nord de la Californie, les Doobie Brothers étaient repérés par Ted Templeman, qui venait de rejoindre le label Warner dans l’équipe de la direction artistique. A cette époque, le groupe est constitué de seulement quatre membres : les chanteurs et guitaristes Tom Johnston et Patrick Simmons, futurs leaders du groupe, et la section rythmique formée à ce moment par le bassiste Dave Shogren et le batteur John Hartman. C’est cette équipe qu’on retrouve sur le premier album sorti au printemps 1971, et produit par Lenny Waronker et Ted Templeman, ce dernier devenant vite le producteur attitré des Doobie Brothers.

Le peu de succès rencontré à sa sortie par ce premier essai l’a un peu remisé aux oubliettes, victime de l’ombre que les albums suivants lui feront. Pourtant, il n’est pas à négliger dans la discographie du groupe. Sensiblement différent des futures productions des Doobie Brothers, le disque propose un style à cheval entre country rock et folk rock. La guitare acoustique est très présente dans les arrangements, comme on peut le constater avec plaisir dès le très entraînant « Nobody » sur lequel on trouve par ailleurs de jolies interventions à la guitare électrique, et les harmonies vocales qui, déjà, apparaissent comme l’un des points forts du groupe. C’est toujours ce fond de guitare folk qu’on retrouve sur « Slippery St. Paul » et « Greenwood Creek » avec un parfum western plus prononcé dans les arrangements (renforcé encore par le solo d’harmonica sur le second), et des harmonies vocales qui enrobent toujours parfaitement l’ensemble. Les mélodies sont la plupart du temps accrocheuses, avec des refrains particulièrement efficaces, comme sur « It Won’t Be Right » ou « Feelin’ Down Farther » qu’on imagine très bien faire le bonheur des foules en concert. Sur des titres plus doux comme « Travelin’ Man » ou « The Master », on pense à ce que proposeraient bientôt les Eagles, sur leurs premiers albums. Sur la reprise de « The Beehive State », les Doobie Brothers lâchent finalement la purée, transformant cette sage chanson de Randy Newman en un morceau flirtant avec le hard rock, qui s’appuie sur un riff particulièrement efficace, dans la plus pure tradition de l’époque.

Si l’album est dominé par Tom Johnston, tant pour le chant que pour l’écriture, les rares contributions de Patrick Simmons sont loin d’être anecdotiques. On retiendra particulièrement « Closer Every Day », une chanson folk à la structure assez complexe, habitée dans les couplets par un Simmons à la voix tremblotante. Son rôle aura tendance à s’accroître dès l’album suivant, et sa belle entente avec Johnston jouera un rôle déterminant dans les succès futurs des Doobie Brothers qui, dès ce premier album, étaient loin de laisser indifférent.

Tracklist :
01. Nobody
02. Slippery St. Paul
03. Greenwood Creek
04. It Won’t Be Right
05. Travelin’ Man
06. Feelin’ Down Farther
07. The Master
08. Growin’ A Little Each Day
09. The Beehive State (reprise Randy Newman)
10. Closer Every Day
11. Chicago

Musiciens :
Tom Johnston : chant, guitare, harmonica, piano, chœurs
Patrick Simmons : guitare, chant, chœurs
Dave Shogren : basse, orgue, chœurs
John Hartman : batterie, percussions

Label : Warner

Production : Lenny Waronker, Ted Templeman