Le 3 septembre 1970 disparaissait le chanteur/guitariste/harmoniciste de Canned Heat, Alan Wilson retrouvé mort dans un sac de couchage au milieu d’une forêt séquoias de Topanga Canyon. Dépressif, il succombe d’une overdose à l’âge de 27 ans faisant parti ainsi du club des 27. Surnommé « The Blind Owl » (le hibou aveugle) en raison de sa très mauvaise vue, il fait la rencontre en 1965 du chanteur Bob Hite dit « The Bear ». Passionnés de blues, ils sont rejoint par le guitariste Henry Vestine, le bassiste Larry Taylor et le batteur Franck Cook. Les musiciens prennent le nom de Canned Heat, inspiré de « Canned Heat Blues » un vieux blues de Tommy Johnson écrit en 1928, dont les paroles évoquent un alcoolique qui se met à consommer du Sterno Canned Heat. Il s’agit d’un alcool dénaturé et gélifié mis en conserve afin d’y être allumé pour cuisiner. En pleine Prohibition, les plus démunis en tiraient une boisson hautement toxique.

Après un passage au festival de Monterey, le groupe publie un LP en juillet 1967. Un premier essai bien sympathique mais fait uniquement de reprises blues. Peu de temps après, Franck Cook quitte le combo pour être remplacé par le mexicain Fito de la Parra. Ce nouveau Line-up enregistre un second album intitulé Boogie With Canned Heat. Ce disque est un incontournable du revival blues nord-américain. Un passage oblige dans le blues rock US fait par des loosers. Car à y regarder de plus près, entre Alan Wilson « le binoclard », Bob Hite « le gros lard », Henry Vestine « le clochard », Fito de la Parra « le clandard » et Larry Taylor « le roublard » on est loin des sex-appeals que sont Jim Morrison et Jimi Hendrix. Mais c’est ce qui me plaît dans ce groupe avec cet aspect « à côté de leurs pompes » mais rempli de convictions et de tripes. Mis à part la reprise de Larry Weiss, « Evil Woman » en introduction, cette cannette chaude est faite de compos blues rock qui sentent la sueur et le LSD. Entre moment tranchant, par endroit cuivrés, la voix de Bob Hite bouffée par le Bourbon est superbement grave et éraillée. Alan Wilson quant à lui nous offre de bon moment d’harmonica et de belles parties de bottleneck.

Toutefois, ce 33tours tient sur le hit « On The Road Again ». Alan Wilson a la bonne idée de ressortir de derrière les fagots un vieux blues de Floyd Jones de 1953 en y mettant en fond un tampura afin d’y donner un son drone music. Alan Wilson alterne sa voix androgyne avec son harmonica pendant que Fito de la Parra derrière ses fûts se montre en métronome redoutable pour un délire technoïde. La connexion parfaite entre le blues et le psyché. Difficile de faire mieux dans le genre. Autre attraction de cet opus : les 11 mn de « Fried Hockey Boogie » en conclusion. Un monstre de hard boogie blues plombé par la basse de Larry Taylor et les soli acid rock d’Henry Vestine. Un titre que ZZ Top rongera jusqu’à la moelle dans la décennie qui suivra.

Titres:
1. Evil Woman
2. My Crime
3. On the Road Again
4. World in a Jug
5. Turpentine Moan
6. Whiskey Headed Woman No. 2
7. Amphetamine Annie
8. An Owl Song
9. Marie Laveau
10. Fried Hockey Boogie

Musiciens:
Bob Hite: Chant
Alan Wilson: Chant, guitare, harmonica
Henry Vestine: Guitare
Larry Taylor: Basse
Adolfo de la Parra: Batterie
+
Dr John: Piano

Production: Dallas Smith