Lorsque la musique des 60’s est évoquée, ce n’est pas le nom de LOS BRAVOS qui revient le plus dans les discussions. Pourtant, si ce groupe n’est pas le plus connu de cette période, il a apporté sa pierre à l’édifice et peut même se targuer d’avoir à son actif une des chansons majeures de cette décennie, qui est d’ailleurs devenue intemporelle (j’y reviendrai plus tard).


Pour LOS BRAVOS, l’aventure a commencé en 1965 à Madrid lorsque des musiciens issus de 2 groupes de Pop (LOS SONOR et THE RUNAWAYS, qui n’ont rien à voir avec le futur groupe de Lita Ford et Joan Jett) décident d’unir leurs forces. A cette époque, l’Espagne vit encore sous le joug de la dictature du général Franco et, même si le régime de celui-ci commence à lâcher un peu de lest, les chances de voir un groupe du pays percer sur le plan international étaient quasiment nulles. LOS BRAVOS avait une certaine particularité: outre le fait de chanter en anglais, il comptait dans ses rangs un chanteur allemand répondant au nom de Mike Kogel. C’est en 1966 que LOS BRAVOS sort son premier album studio, qui a pour titre Black Is Black.


« Black Is Black », qui ouvre justement l’album, est le premier single du groupe, celui-là même qui va le propulser vers les sommets à échelle internationale. Cet énorme tube Pop-Rock, bien qu’ancré dans son époque, a fait mieux que résister à l’épreuve du temps, il est devenu un classique incontournable, intemporel même. A la grande surprise générale, « Black Is Black » se hisse à la 1ère place au Canada, la 2ème place en Grande Bretagne, la 3ème place en Australie, la 4ème place aux USA et en Allemagne et il est fort probable que les membres du groupe n’auraient pas imaginé qu’un tel scénario se produise, même dans leurs rêves les plus fous. Il faut dire que ce titre a des mélodies simples, ensorceleuses se retiennent tout de suite tant ses charmes sont irrésistibles et sa ritournelle entêtante. Pour l’anecdote, un certain Johnny HALLYDAY, avec l’aide d’un certain George Aber, a fait une version française de ce titre (« Noir, C’est Noir ») la même année qui s’est classée n°1 en France (alors que le titre original de LOS BRAVOS fut, lui, accueilli dans l’indifférence dans l’Hexagone).


Ce premier album ne se résume cependant pas à ce titre, même s’il est resté à jamais le plus gros succès du groupe. Ce disque renferme plusieurs titres courts, mais efficaces qui vont à l’essentiel. Les chansons en question sont typiques de la Pop des 60’s et ses charmes qui ont séduit plus d’une personne: ainsi, « Trapped », avec ses mélodies chatoyantes, « Baby, Baby, Baby », « Make It Easy For Me », « I Don’t Care » ou encore « Baby, Believe Me » reflètent parfaitement l’insouciance de l’époque, perceptible via toutes ces mélodies légères, et sont propices à l’évasion. LOS BRAVOS oeuvre davantage dans un registre Pop-Rock sur des titres tels que « Stop That Girl », une chanson enjouée, accrocheuse en dépit d’un départ poussif, avec en plus un refrain addictif, « I’m Cuttin’ Out », doté d’un petit solo de guitare bien sympa, ou encore « You Won’t Get Far », porté par le chanteur Mike Kogel qui la tire vers le haut et ceux-ci respirent tout autant l’insouciance caractéristique de cette décennie. « She Believes In Me » diffère quelque peu du reste de l’album: ce titre joliment arrangé commence comme une ballade puis, sa crier gare, se fait plus rythmé, plus emballé et là encore, Mike Kogel le tire vers le haut, se permettant même de monter un peu vers les aigus à la fin. Par contre, « Don’t Be Left Out In The Cold » est une chanson Pop pas très inspirée et ses choeurs un peu gnan-gnan la desservent plus qu’autre chose.


Black Is Black est finalement un disque qui reflète bien l’époque dans laquelle une partie du monde baignait durant le milieu des 60’s. Il s’agit d’un album sympa, de bonne facture qui peut replonger tout un chacun dans les 60’s, permettant ainsi de s’évader du monde moderne. Pour l’anecdote, LOS BRAVOS fut le premier groupe espagnol à se classer dans les charts britanniques et américains et cet album est même monté à la 93ème place du Billboard US.

Tracklist:
1. Black Is Black
2. Trapped
3. Baby, Baby, Baby
4. Make It Easy For Me
5. She Believes In Me
6. I Want A Name
7. I Don’t Care
8. Stop That Girl
9. I’m Cuttin’ Out
10. Don’t Be Left Out In The Cold
11. You Won’t Get Far
12. Baby, Believe Me

Line-up:
Mike Kogel (chant)
Antonio Martinez (guitare)
Manuel Fernandez (orgue électrique)
Miguel Vincens Danus (basse)
Pablo Gomez (batterie)

Labels: Decca/Press

Producteur: Ivor Raymonde