Le précédent album de Bonnie Raitt, Sweet Forgiveness, était plutôt de bonne tenue à défaut de tout casser sur son passage et a même permis à la chanteuse californienne d’apparaitre pour la première fois de sa carrière dans le Billboard Hot 100 par le biais de « Runaway », une cover de Del SHANNON.

Alors que l’Amérique est en pleine déferlante Disco, de nouvelles têtes d’affiche commencent à s’affirmer au moment où les 70’s vont s’achever pour laisser place aux 80’s: VAN HALEN, THE CARS, pour ne citer qu’eux. Bonnie RAITT, elle, ne s’en soucie pas plus que ça et sort en 1979 son 7ème album qui a pour titre The Glow. La pochette du disque montre une chanteuse affichant une apparente sérénité et, par rapport au précédent album, c’est le producteur Peter Asher (James TAYLOR, Linda RONSTADT, J.D. SOUTHER) qui est derrière les manettes.

Et un évènement de taille est à saluer sur ce 7ème album de Bonnie RAITT: celui-ci renferme une chanson composée et écrite par la chanteuse californienne en personne, chose qui n’était pas arrivée depuis son second album Give It Up (qui remonte tout de même à 1972). Il s’agit de « Standin’ By The Same Old Love », un mid-tempo Blues-Rock classieux, de bonne tenue sur lequel le piano. Les autres titres de l’album sont soit des reprises (6 au total), soit des compos du cru de songwriters extérieurs. Et Jackson BROWNE fait encore partie de ceux-là puisqu’il a offert cette fois à la native de Burbank « Sleep’s Dark And Silent Gate », une ballade bluesy marquée par des guitares électriques qui appuient bien l’ensemble, un superbe solo, ainsi que la performance vocale toute en sobriété, en justesse de Bonnie RAITT. « The Glow », une ballade aux arômes jazzys, est assez raffinée, se caractérise par une ambiance feutrée, reposante et une pointe de mélancolie, d’amertume apparait. En revanche, « (Goin’) Wild For You Baby » est un mid-tempo bluesy mi-Rock, mi-ballade très moyen qui manque cruellement d’étincelle. En ce qui concerne les reprises, qui se taillent donc une grosse part du lion sur cet album, il convient de signaler en premier chef « You »re Gonna Get What’s Coming », une compo de Robert PALMER (qui figurait sur son 4ème album Double Fun, sorti en 1978, et avait fait chou blanc dans les charts) qui apparait ici dans une version Boogie/Blues-Rock enthousiasmante, pleine d’entrain et se signale par la présence de nappes de claviers qui lui conférent un côté plus ou moins dans l’air du temps. Avec cette cover, Bonnie RAITT a inscrit pour la seconde fois son nom au classement du Billboard Hot 100 puisque cette cover, qui est en passant l’un des temps forts de cet album, s’est hissée à la 73ème place à l’entame de l’année 1980. Moins marquante est « (I Could Have Been Your) Best Old Friend », une reprise de Tracy NELSON (dont les origines remontent à 1976) qui se révèle acceptable, sans plus. Bonnie RAITT a remonté plus loin dans le temps en piochant dans le patrimoine des 60’s. 2 compos signées par le tandem Isaac Hayes/David Porter sont au programme: « I Thank You », interprété jadis par SAM & DAVE (en 1968), s’affiche ici dans une version Blues-Rock mélodique, colorée, chaude et réussit à faire taper du pied, se révèle fort entrainante, réjouissante; tandis que « Your Good Thing (Is About To End », de Lou RAWLS , oscille entre Blues et Soul dans une version feutrée pour un résultat plaisant grâce à le prestation vocale d’une Bonnie RAITT toute en douceur, un piano bien présent et un joli solo de saxophone. « Bye Bye Baby » de Mary WELLS, est un titre qui date de 1960 que Bonnie RAITT a transformé en une version Blues-Rock enjouée, qui fait taper du pied, marquée de surcroît par la présence d’un harmonica. Les 50’s sont également honorées grâce à la présence de « The Boy Can’t Help It », une chanson qui fut écrite en 1956 par un certain Bobby Troup et interprétée en premier par LITTLE RICHARD et que la chanteuse californienne a revisité en injectant des notes de slide qui lui donne un côté champêtre fort charmant.

The Glow est donc un disque de bonne facture qui se laisse tranquillement écouter. Comme le précédent album, il ne fait pas partie des incontournables absolus de Bonnie RAITT, il n’est pas non plus un indispensable de l’année 1979. Toutefois, il permet à Bonnie RAITT de terminer les 70’s de manière honorable et de pouvoir aborder les 80’s avec confiance, d’autant qu’elle a encore prouvé qu’elle était tout à fait dans son élément dans le registre du Blues-Rock. Quand à The Glow, il a fait un chouia moins bien que Sweet Forgiveness en s’étant classé 30ème dans le Top album US où il a résidé 21 semaines, mais confirme que Bonnie RAITT est un outsider sérieux qui pourrait un jour se hisser aux côtés des poids lourds.

Tracklist:
1. I Thank You
2. Your Good Thing (Is About To End)
3. Standin’ By The Same Old Love
4. Sleep’s Dark And Silent Gate
5. The Glow
6. Bye Bye Baby
7. The Boy Can’t Help It
8. (I Could Have Been Your) Best Old Friend
9. You’re Gonna Get What’s Coming
10. (Goin’) Wild For You Baby

Line-up:
Bonnie Raitt (chant, guitare, slide)
+
Danny Kortchmar (guitare)
Waddy Wachtel (guitare)
Bill Payne (piano, synthés)
Don Grolnick (piano acoustique)
Bob Glaub (basse)
Freebo (basse)
Rick Marotta (batterie)
Larry Williams (saxophone)
Trevor Lawrence (saxophone)
Steve Madaio (trompette)
Paul Butterfield (harmonica)
Rosemary Butler (choeurs)
J.D. Souther (choeurs)
Maxayn Lewis (choeurs)
Craig Fuller (choeurs)
Peter Asher (choeurs)

Label: Warner Bros.

Producteur: Peter Asher