Il faut deux années pour que Rare Bird refasse surface après l’épique As Your Mind Flies By. Il faut dire qu’entre-temps l’organiste Graham Field quitte le navire pour tenter sa chance avec le groupe Fiels, suivi peu de temps après par le batteur Mark Ashton. Le pianiste électrique David Kaffinetti et le chanteur Steve Gould n’ont guère le choix. Ils doivent recruter du sang neuf s’ils souhaitent poursuivre l’aventure. Ainsi le duo restant voit l’arrivée de divers musiciens : le batteur Fred Kelly (ex Thundermother), le guitariste Ced Curtis (vielle connaissance de Steve Gould dans Fruit Machine) et le chanteur/bassiste Paul Karas. Ce nouveau line-up est renforcé par un trio de percussionniste avec Ashley Howe, Paul Korda et Nic Potter (ex-Van Der Graaf Generator). La venue de Paul Karas amène Steve Gould à partager le chant et laisser sa basse pour collaborer avec Ced Curtis à la guitare. Ces grands bouleversements amènent Rare Bird à quitter le label Charisma pour Polydor afin de pondre en 1972 le 3eme opus du groupe intitulé Epic Forest. Le quintet va revenir au format court qui caractérisait le premier album avec 9 chansons au compteur.

Changement d’équipe, changement de maison de disque, forcement changement de style. L’absence de Graham Field se fait radicalement sentir. Fini cet orgue caverneux et pesant qui menait la danse dans Rare Bird et As Your Mind Flies By. Ici, un bon équilibre est trouvé entre les claviers et la venue nouvelle des guitares. Terminée cette voix rageuse, désespérée, dramatique et théâtrale qui s’imposait dans les opus précédents. La collaboration entre Steve Gould et Paul Karas ne peut mener qu’à de belles harmonisations vocales comme on peut l’entendre dans les balades atmosphériques « Hey Man », « Turn It All Around » aux guitares heavy et le nostalgique « House In The City ». Musicalement le groupe abandonne toute référence au genre symphonique et pompeux. Sans lâcher le registre prog, les musiciens semblent regarder vers l’Amérique en s’inspirant de Crosby, Still, Nash & Young, Doobie Brothers où encore Atlanta Rhythm Section pour un rock plus direct riche en mélodie et qui par moment sent les grands espaces.

Le disque débute dans un registre funk rock avec « Baby Listen » pouvant faire penser à Santana et où le partage du chant fait merveille. Toutefois, l’attraction de ce 33-tours est la longue piste éponyme dépassant les 9 mn. Cela débute dans un esprit folk mid-tempo couvert par des voix célestes. Puis cela s’accélère avec de belles harmonisations de guitares qui accompagnent par moments des soli aux claviers. Là encore les dialogues des chanteurs donnent une bonne accroche. Il arrive que le tempo ralentisse où l’orgue trafiqué rappelle le genre Canterbury et finir sur des accords de guitare acoustique cristallins. Pour le reste on retrouve l’influence de Santana dans le jazzy « Turning The Lights Out » via les percussions. Rare Bird nous propose de nouvelles balades avec « Her Darkest Hour » et « Fears Of The Night » en plus acoustique mais également plus sombre voire dramatique. Le disque se termine avec les 6 mn galopantes de « Title No. 1 Again (Birdman) ». Bref voilà un disque qui s’échappant du rock progressif pur et dur, est bien réussi et fort agréable à l’écoute. Malheureusement cela n’empêche pas le départ de Paul Karas parti rejoindre Stackridge. Une déconvenue qui ne décourage point les musiciens restant à continuer le chemin.

Titres :
1. Baby Listen
2. Hey Man
3. House in the City
4. Epic Forest
5. Turning the Lights Out
6. Her Darkest Hour
7. Fears of the Night
8. Turn It All Around
9. Title No. 1 Again (Birdman)

Musiciens :
Steve Gould : Guitare, Chant
Andrew « Ced » Curtis : Guitare, Chant
Dave Kaffinetti : Piano, Orgue
Paul Karas : Basse
Fred Kelly : Batterie drums
+
Nic Potter : Percussion
Paul Korda : Percussion
Paul Holland : Percussion
Chris Kelly : Percussion
Ashley Howe : Percussion

Production : Paul Holland, Rare Bird