Le retour de la bête !

Le jour de la Saint Valentin 72, Steppenwolf se sépare après 8 albums au service d’un rock sauvage. Le chanteur/leader John Kay tente une carrière solo où il pond deux Lp pour le compte du label ABC Dunhill qui abritait le loup des steppes.

Une tentative solo en demi-teinte. En effet, pour John Kay le compte n’y est pas, probablement à ce maudit hit « Born To Be Wild » qui lui colle à la peau et que les fans retiendront. ABC arrête donc les frais ne publiant qu’une compilation en 1973 pour service rendu.

Vient l’idée pour le chanteur canadien de reformer Steppenwolf. De l’ancienne époque il rappelle l’organiste Goldy McJohn, le bassiste George Biondo et le batteur Jerry Edmonton. Pour la guitare on fait appel à un nouveau venu, Bobby Cochran qui a pour oncle le chanteur de rockabilly Eddie Cochran.

Tous ce beau monde signe chez Epic et pond en 1974 un 33-tours intitulé Slow Flux.

Nous sommes en 1974 et le hard rock, émanation du blues rock, a franchi une étape. Deep Purple inonde les ondes de riffs hard funk, Black Sabbath impose un heavy métal de plus en plus sombre, sans parler de nouveaux venus prometteurs comme Aerosmith ou Thin Lizzy au style plus direct.

Fait de 10 morceaux, ce Slow Flux apparait comme décalé. Au fond avec Steppenwolf, on est habitué. A peine « Born To Be Wild » balancé en 1968 que le combo mené par John Kay fut ringardisé l’année suivante par les deux premiers albums de Led Zep, deux brulots incendiaires jamais entendu auparavant. Un comble pour celui qui fût un des inventeurs du hard rock.

Le disque débute par « Gang War Blues » où l’on retrouve le rock bien caractéristique du loup des steppes, rugueux, pesant et engagé. On reconnait l’orgue caverneux de Goldy McJohn, la voix nerveuse et éraillée de John Kay. De plus Bobby Cochran fait un excellent travail avec sa six cordes électrique au jeu vicieux tant dans les rythmiques que dans les soli apportant un souffle nouveaux. Un bon démarrage qui nous renvoie avec nostalgie à Second et Monster.

On perçoit cet esprit dans « Children Of Night », le tapageur « Get into the Wind », le malsain « Jeraboah », le groovy « A Fool’s Fantasy » ainsi que la balade « Smokey Factory Blues » aux effluves country et prog. Il y a aussi cette ballade naïve, « Morning Blue » qui nous remémore un certain au passé.

Ça c’est pour le bon côté de ce 33-tours. Le mauvais (ou le moins terrible si vous préférez) c’est ces chansons accompagnées de cuivres, dont on se demande ce qu’ils font ici. Fort dommage, cela gâche un peu la fête. A commencer par la balade « Justice Don’t Be Slow », ainsi que le rythm & blues « Straight Shootin’ Woman ». Heureusement par endroit Bobby Cochran sauve la mise. Le pire c’est le titre final, « Fishin’ in the Dark » avec son chamberlin tout droit sorti d’un carnaval des Caraïbes.

Bref, un disque bancal se montrant toutefois attachant mais après plusieurs écoutes. Slow Flux sera la dernière contribution de Goldy McJohn. John Kay mécontent de ce denier le limoge. Son orgue sonnant peut être rétro. Membre fondateur, il décède en aout 2017 des suites d’un arrêt cardiaque à l’âge de 72 ans.

Titres :
1. Gang War Blues
2. Children Of The Night
3. Justice Don’t Be Slow       
4. Get Into The Wind
5. Jeraboah
6. Straight Shootin’ Woman
7. Smokey Factory Blues      
8. Morning Blue        
9. A Fool’s Fantasy
10. Fishin’ In The Dark

Musiciens :
John Kay : Chant, Guitare
Goldy McJohn : Clavier
Bobby Cochran : Guitare
George Biondo : Basse, Chœur
Jerry Edmonton : Batterie
+
Charles Black, Don Ellis, Gil Rathel, John Rosenberg, Sam Falzone : Cuivres
Skip Konte : Chamberlin

Production : Steppenwolf