Johnny DIESEL, de son vrai nom Mark Denis Lizotte, est né en 1966 aux USA, dans le Massachusetts, mais a émigré avec sa famille en Australie en 1971. Très jeune, il a intégré INNOCENT BYSTANDERS, un groupe de Power-Pop/Pub-Rock de Perth qui a sorti un seul album. Après en être parti en 1986, il rebondit en fondant Johnny DIESEL & THE INJECTORS. 

Ayant eu la chance de décrocher un contrat chez Chrysalis, Johnny DIESEL & THE INJECTORS entre en studio en août 1988 et s’attelle à l’enregistrement de son premier album en compagnie du producteur Terry Manning. L’album en question, sans titre, sort le 6 mars 1989.

Cet album de Johnny DIESEL & THE INJECTORS est résolument orienté, tout en louchant par instants vers le Hard Rock, voire le Heartland-Rock. Il est bon également de préciser que le saxophone est très présent sur ce disque. 5 singles ont été extraits de l’album et 3 d’entre eux ont atteint le Top 10 australien. « Don’t Need Love », sorti en éclaireur en octobre 1988, est redoutable d’efficacité avec son intro basse/batterie qui claque, suivie d’un saxophone et de la montée en puissance des guitares et surtout son refrain entrainant repris en choeurs. D’ailleurs, ce titre a fait son effet à l’époque puisqu’il s’est classé 10ème en Australie, 7ème en Nouvelle-Zélande. « Soul Revival », brûlot Blues-Rock/Heartland-Rock, est tout aussi potentiellement tubesque avec son refrain ultra-fédérateur repris en choeurs, son entrain et son enthousiasme débordants qui le rendent terriblement addictif et a atteint la 9ème place des charts australiens. « Cry In Shame », mid-tempo Blues-rock FM, a fait quasiment aussi bien (10ème) et il faut dire que son côté tubesque parle en sa faveur puisqu’il est habilement construit en mettant davantage l’accent sur la mélodie avec ses guitares plus claires, ses allures de fausse ballade. Avec « Lookin’ For Love », un autre mid-tempo, Johnny Diesel et ses compères tirent davantage vers le Hard Rock, font la jonction entre AC/DC, John MELLENCAMP et GEORGIA SATELLITES pour un résultat des plus réjouissants grâce à la voix rocailleuse et chaleureuse du leader du groupe, aux guitares graisseuses, aux choeurs qui appuient bien sur le refrain. Ce titre, pour la petite histoire, s’était classé 28ème dans le Top singles national. Enfin, « Since I Fell For You » est une cover de Lenny WELCH et Johnny DIESEL & THE INJECTORS en a fait une version respectueuse de l’original, assez feutrée, chatoyante, avec un feeling romantique à fleur de peau et s’avère suffisamment convaincante pour donner envie de découvrir l’original (qui date de 1963). Cette cover s’était plus modestement classée en Australie en ayant culminé à la 79ème place.

En ce qui concerne le reste de l’album, Johnny Diesel et ses compères prouvent avec force qu’ils sont parfaitement dans leur élément dans ce style Blues-Rock et plusieurs titres sont là pour en témoigner: « Comin’ Home », compo terroir, roots, est fort plaisante, accroche bien l’oreille avec ce bon équilibre entre mélodies nuancées et décharge décibelique; « Fire Without A Flame » convainc tout autant avec ses accents rétro plus que prononcés qui fleurent bon la première moitié des 70’s, ainsi que le beau contraste entre la voix rocailleuse de Johnny Diesel et l’enrobage mélodique de la chanson; « Get Ya Love », compo aux accents jazzys et Soul, est assez facile d’accès et tient la route, d’autant que le saxophone est très présent dans l’espace sonore; tandis que « Never Last » est un mid-tempo rampant qui prend aux tripes avec ses riffs rudes, des vocaux chaleureux, un solo de saxophone étourdissant et plonge au coeur des racines du Blues, du Classic-Rock, anticipant un peu ce qu’on fait les BLACK CROWES peu après. Quand à « Thang II », c’est un instrumental Blues électrique à base de guitares qui est appuyé par une basse ronde, tendue, ainsi qu’un saxophone qui intervient à bon escient, est aussi valorisé par un solo de gratte ébouriffant de feeling, lumineux, émotif juste comme il faut (dans le genre, c’est un modèle). Johnny DIESEL & THE INJECTORS s’est aussi frotté avec réussite au Hard Rock comme l’attestent le mid-tempo « Burn », un titre à la rythmique métronome à mi-chemin entre AC/DC et Jimmy BARNES qui possède un solo qui prend aux tripes, un final très live, et « Parisienne Hotel », un morceau Hard Rock groovy avec une rythmique binaire qui fait taper du pied, a un côté addictif avec ses arômes bluesy épicés, des cuivres, un final festif, en roue libre et sur lequel le chanteur est comme en transe, habité.

Ce premier album de Johnny DIESEL & THE INJECTORS est une magistrale réussite, sans faille. Les compos sont inspirées, de qualité, remarquablement travaillées, fignolées. Et Johnny Diesel a illuminé tout cet album de sa voix rocailleuse, chaleureuse, décidée, ainsi que le côté passionné qui l’habite. Cet album de Johnny DIESEL & THE INJECTORS a été un beau carton en 1989: il a été 2ème en Australie (avec 31 semaines de présence dans le Top album, dont 19 dans le Top 10) où il a été certifié disque 2 fois platine, 7ème meilleure vente de l’année dans le pays; mais également 25ème en Nouvelle-Zélande, 75ème au Canada. Cet album, à consommer sans modération, fait partie de ces trésors de la fin des 80’s à redécouvrir et apporte le plus cinglant des démentis aux simplets d’esprit qui résument les 80’s à la Synth-Pop, aux coupes de cheveux extravagantes, au Glam (et, mine de rien, il y a des tas de contre-exemples sur cette décennie pour les contredire).

Tracklist:
1. Lookin’ For Love
2. Parisienne Hotel
3. Cry In Shame
4. Comin’ Home
5. Since I Fell For You
6. Don’t Need Love
7. Burn
8. Soul Revival
9. Fire Without A Flame
10. Get Ya Love
11. Never Last
12. Thang II

Line-up:
Johnny Diesel (chant, guitare)
Johnny « Tatt » Dalzell (basse)
Yak Sherrit (batterie)
Bernie Bremond (saxophone)

Label: Chrysalis

Producteur: Terry Manning