Souvent, un double album live signe la fin d’un cycle chez les groupes de rock. Tome VI imprimé en 1977 chez Philips en est la parfaite illustration pour la formation originaire de Belfort. Il est l’aboutissement de 5 Lp magistraux souvent disque d’or débutés en 1972 avec Caricature et terminés en 1976 Par Les Fils De Mandrin, en ayant comme fil conducteur d’élaborer un rock prog franchouillard à l’ambiance futuro-moyénageux.

Ange est au sommet de son art et part en tournée en 1977 pour la promotion du dernier 33-tours. Tournée qui passe par le Palais de Sports de Paris le 25 et 26 mai de la même année. Ce sont ces concerts qui vont servir de matériel pour Tome VI.

Le chanteur Christian Decamps, le guitariste Jean Michel Brézovar, le claviériste Francis Decamps, le bassiste Daniel Haas et le batteur Jean-Pierre Guichard vont faire un excellent résumé de ces cinq années fantastiques. La face A est consacré à trois chansons de Au-Delà Du Délire. Cela s’ouvre par « Fils De Lumière », se poursuit avec « Les Longues Nuits D’Isaac » et « Ballade Pour Une Orgie ». Bien sûr ces versions en public vont affirmer le côté théâtral de Christian Decamps, poète troubadour halluciné mais c’est surtout Jean Michel Brézovar qui avec sa six-cordes électrique va ciseler des soli saignants et incisifs. Le face A se termine avec le magnifique « Ode À Émile » où là encore le guitariste va se distinguer. En effet la version studio, le solo est plus court.

La seconde face est exclusivement consacrée à « Dignité » du premier vinyle étiré sur plus de 15 mn. Occasion pour les musiciens d’improvisations qui vont partir dans des séquences hallucinatoires et kaléidoscopiques.

Vient la face C où Ange offre aux spectateurs un inédit, « Le Chien, La Poubelle Et La Rose » long de 13 mn chanté Francis Decamps. Ici Ange semble s’éloigner de ce rock médiéval d’influence genesienne pour un prog plus urbain. Cela débute tranquille par les synthés atmosphériques de Francis Decamps. Puis la doublette rythmique élabore une ligne hypnotique pour laisser filer un riff décapant à la Led Zep. Vont alterner moments galopants, temps burlesques et douceurs trompeuses laissant place à un hymne rêveur. C’est Jean Michel Brézovar qui se charge de terminer ce titre élastique par un chorus aérien et inspiré. Devant tant d’émotions survient le douloureux « Sur La Trace Des Fées ».

Pour la dernière face, Christian Descamps se montre passionné et nerveux sur les 13 mn de « Hymne À La Vie ». Bien sûr, ce concert ne peut se terminer que par la reprise « Ces Gens-Là » de l’éternel, grand bluesman absent, Jacques Brel. « Mais il est tard Mr. Faut que j’rentre » conclut Christian Decamps face à un public en extase.

Après cette tournée Jean Michel Brézovar et Daniel Hass quittent le navire suite à des différents avec les frères Decamps. Tome VI est donc bien la fin d’une époque. Mais un Ange ne meurt jamais.

Titres :
1. Fils De Lumière
2. Les Longues Nuits D’Isaac
3. Ballade Pour Une Orgie
4. Ode À Emile
5. Dignité
6. Le Chien, La Poubelle Et La Rose
7. Sur La Trace Des Fées
8. Hymne À La Vie

Musiciens :
Christian Descamps : Chant, Claviers
Francis Descamps : Claviers
Jean-Michel Brézovar : Guitare, Mandoline, Flûte
Jean-Pierre Guichard : Batterie
Daniel Haas : Basse

Production : Claude Bibonne

https://music.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_mOu2RzqEl-A40gO7WBvmDXT_4mDR-q9ec