Depuis leur victoire à l’Eurovision, Maneskin est devenu instantanément la nouvelle coqueluche du petit monde du rock. Il est également vrai que la polémique engendrée par le groupe avec cette histoire de cocaïne n’a pas été étrangère à ce succès. Dès lors, même si il a été avéré que Damiano David n’a pas pris de drogue, le Grand Public redécouvrait que le Rock pouvait être toujours aussi non conformiste.

Ainsi Maneskin au fil des mois a confirmé tout le potentiel qui reposait en eux. Tout d’abord en proposant des prestations scéniques solides portées il est vrai par la grande qualité des compositions proposées sur le 2nd album Teatro d’Ira. Aussi avec un savant dosage de provocation en effectuant par exemple des shootings nus et même seins nus pour la belle bassiste Victoria De Angelis. La dernière chose qui marquera, c’est que Damiano David s’affirme en tant que Grand Frontman.

C’est sur cette belle dynamique que paraît en ce début d’année Rush le 3e album des transalpins. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ici la livraison est très copieuse. En effet Maneskin propose ici 16 nouvelles chansons principalement chantées dans la langue de Shakespeare. Le contenu, varié, est étonnamment homogène en terme de qualité. Maneskin démontre avec beaucoup d’insolence que le combo est une entité solide maîtrisant parfaitement son sujet pour composer des compositions concises (rares sont celles qui dépassent les 3 mins) et très facilement accrocheuses. Fidèle à son habitude, les italiens jouent volontiers la carte de la provocation avec une certaine insouciance d’une jeunesse rebelle.

L’album débute de la meilleure des façons avec un « Own My Mind » tubesque à souhait avec un refrain très efficace. « Gossip » est également un autre très bon morceau taillé sur mesure pour cartonner avec cerise sur le gâteau un bon solo de gratte proposé par Tom Morello qui donne une plus value indéniable. Maneskin calme ensuite les choses avec une très belle ballade « Timezone » portée par le chant à fleur de peau de Damiano David. On appréciera ainsi davantage le très politiquement incorrect « Bla Bla Bla » terriblement provocateur avec son aspect de prime abord blasé et nonchalant.
Le rock c’est également le sexe. « Baby Said » affirme sans complexe, et avec une certaine malice, la sexualité des femmes idéalement porté ici par les choeurs de Victoria sur les refrains. A titre perso, c’est le titre que j’ai préféré sur cet album. Ce serait un single parfait à faire tourner en heavy rotation à la radio. « Gasoline » est plus moderne dans son approche avec son refrain à la linkin park bien exécuté et porté par une rythmique froide plutôt martiale. « Feel » est plus léger et plus dansant en étant une sorte de mélange entre le mythique « 7 Nations Armies » des Stripes et de Frantz Ferdinand. Les paroles faisant allusion à l’épisode de la coke sur la table font évidemment mouche. « Don’t Wanna Sleep » continue sur la lancée du morceau précédent mais avec un petit côté inspiré par les dynamiques Block Party.

Après une première partie d’album efficace, Maneskin montre qu’il sait maintenir une qualité de composition élevée sur la seconde. Le punk déglingué à la Dead Kennedys « Kool Kid » varie le propos de cette 3e livraison en donnant une tonalité plus énervée. Cette débauche d’énergie est vite tempérée par la très belle ballade dans la lignée du premier album de Maneskin « If Not For You ». Les italiens montrent qu’ils peuvent apporter beaucoup de tendresse au milieu de leur rock provoc. « Read Your Diary » est plus nonchalant tandis que « Mark Chapman » est plus rentre dedans toujours à la manière de Block Party mais avec ici du chant en italien et un solo de Thomas Raggi très efficace bien que concis. Entre nous, il était temps d’entendre des chansons chantées dans la langue de Dante. C’est, à mon point de vue, un des grand points forts du combo. Et cela tombe très bien car les 2 prochaines chansons sont chantées dans cette langue. « La Fine » est sans doute LE morceau vénère de l’album dans la lignée de « Zitti e buoni ». Il y a toujours ce débit de paroles impressionnant qui donne une vraie personnalité au groupe. Encore une fois, le soufflet retombe vite avec la belle ballade « Il Dono Della Vita » très efficace notamment avec le chant expressif de Damiano David et encore un beau solo empli de feeling de Thomas Raggi. « Mammamia » est un morceau traditionnel avec ce mélange digéré de White Strypes / Franz Ferdinand à la sauce italienne. On sera encore plus enthousiaste avec le single « Supermodel » particulièrement bien troussé avec son arrière goût qui rappellera aux plus anciens d’entre vous Eagle Eye Cherry. Quoiqu’il en soit c’est un single particulièrement réussi et catchy à souhait. Enfin l’album se termine par une dernière ballade, une fois de plus très réussie, « The Loneliest » avec son refrain bien appuyé.

Maneskin a confirmé avec grand brio les espoirs placés en eux. Maintenant on attend de pied ferme que les italiens défendent comme il se doit ce Rush taillé sur mesure pour cartonner sur scène.

Rush est un album efficace qui vous permettra de passer l’hiver comme il se doit.


Tracklisting:
1- Own My Mind
2- Gossip (feat Tom Morello)
3- Timezone
4- Bla Bla Bla
5- Baby Said
6- Gasoline
7- Don’t Wanna Sleep
8- Kool Kids
9- If Not For You
10- Read Your Diary
11- Mark Chapman
12- La Fine
13- Il Dono Della Vita
14- Mammamia
15- Supermodel
16- The Loneliest


Musiciens:
Damiano David – chant
Victoria De Angelis – basse
Thomas Raggi – guitare
Ethan Torchio – batterie

Producteur: Max Martin

Label: Sony