Plusieurs années avant de sortir son premier album solo The Passenger (en 1987), Melvin James avait fait ses armes au sein de CRASH STREET KIDS, un groupe issu de la scène de Minneapolis.

Entouré de musiciens plus âgés que lui, Melvin James est la figure centrale de ce groupe qui sévit en tant que trio. CRASH STREET KIDS décroche un contrat chez Fat City Records, entre en studio pour enregistrer ce qui reste à ce jour son unique album, qu’il produit lui-même. Cet album à la pochette très sympa a pour titre Little Girls et sort en 1982.

CRASH STREET KIDS grossit les rangs des représentants de la Power-Pop, qui avait encore le vent en poupe dans cette première moitié des 80’s et a un double argument de choc qui peut lui permettre de s’extirper de la masse: un certain sens de la mélodie, ainsi qu’un don pour composer des chansons efficaces. En partant de ce postulat, CRASH STREET KIDS assène quelques salves qui font mouche et auraient mérité de se faire connaitre du plus grand nombre telles que « Little Girls », brûlot entêtant, catchy qui est appuyé par une rythmique Rockabilly, des riffs acérés, des vocaux mélodieux, voire aériens, des choeurs légers, des clap-hands, qui est même précisément le genre de titre que GREEN DAY n’a jamais su faire en 35 ans, « Mystery Girls », qui accroche formidablement avec un solo de gratte chaleureux, un refrain au charme ensorceleur, des choeurs légers pour épauler le chanteur, étant le genre de titre qu’aurait pu faire THIN LIZZY s’il s’était aventuré dans le style Power-Pop, l’enjoué « Into You » qui tire un peu vers le Rock Alternatif et fait partie de ces titres qui ont plus ou moins défini ses contours pour les 80’s ou encore l’énergique et aérien « Corporate Girl » qui s’inscrit bien dans l’air du temps en faisant le lien entre Power-Pop et New-Wave et fonctionne bien grâce à une section rythmique basse/batterie qui met la pression sans jamais la relâcher, la voix voilée de Melvin James qui apporte un certain cachet à l’ensemble, ainsi qu’un bassiste très en évidence. Le mid-tempo « Tears », empreint de mélancolie, est assez intéressant avec ses mélodies qui interpellent et a probablement influencé en partie THE REPLACEMENTS au moment de l’évolution musicale de celui-ci. Par contre, « She Can Love » sonne très (trop) POLICE avec la basse très en avant, sa rythmique quasi-Ska, n’est pas très passionnant, un peu saoûlant, redondant à la longue même. Plus typé Pop-Rock, « Tickin’ Away » est plutôt sympathique avec ses mélodies aériennes, son ambiance désinvolte et un chant plus énervé dans le final. La Power-Pop et le Hard Rock sont plus proches que ce beaucoup pensent, notamment en certaines circonstances, et un titre tel que « Life’s So Cold » en apporte une belle preuve avec ses riffs acérés qui restent bien dans les esprits, ainsi qu’un chant plus énervé qu’à l’accoutumée. CRASH STREET KIDS se frotte au Hard Rock de manière beaucoup plus farouche, plus décomplexée sur l’excellent « Shake It Up », foncièrement Classic-Rock, qui aurait pu faire un single grâce à un refrain catchy, des riffs à la fois crus et accrocheur, un chouette solo, et « Monday Morning », brûlot Hard Rock n’ Roll énergique tout en restant mélodique qui est doté d’une rythmique simple mais brute, un refrain plus Pop avec des choeurs aériens qui répondent comme il faut aux vocaux de Melvin James, ce qui rend le tout redoutable d’efficacité.

Sur son unique album, CRASH STREET KIDS a proposé une Power-Pop de qualité avec des titres efficaces qui font mouche. De bons riffs, quelques solos bien sentis, des choeurs utilisés à bon escient, des refrains bien trouvés, un chanteur qui possède un petit quelque chose qui aurait pu le faire connaitre; tels sont les ingrédients qui permettent à ce Lttle Girls de fonctionner, d’autant qu’il n’y a aucune ballade à relever sur ce disque. Celui-ci, accueilli dans une certaine indifférence, aurait mérité plus de considération et gagnerait à être réhabilité car CRASH STREET KIDS avait le potentiel pour casser la baraque.

Highlights de l’album: « Little Girls », « Mystery Girls », « Shake It Up », « Monday Morning »

[1]: ce numéro désigne ce CRASH STREET KIDS originaire du Minnesota et le démarque d’un autre groupe américain qui, lui, oeuvre dans le Hard Rock et pourrait dans le futur faire son entrée sur HR80.

Tracklist:
1. Little Girls
2. Tears
3. Mystery Girls
4. Into You
5. Tickin’ Away
6. Shake It Up
7. She Can Love
8. Corporate Girl
9. Life’s So Cold
10. Monday Morning

Line-up:
Melvin James (chant, guitare)
Gary Snow (basse, chant)
Randall « Pye » Prochowitz (batterie)

Label: Fat City Records

Producteurs: Melvin James & Crash Street Kids