Celles et ceux qui ont vécu en direct la première moitié des 80’s se souviennent probablement de la chanteuse Rose Laurens qui avait connu le plus grand succès de sa carrière avec le tube « Africa » en 1982/83 qui, en plus d’avoir atteint la 1ère place en France, s’était bien défendu dans les charts européens dans une version anglaise (n°1 en Autriche, 2ème en Suisse et en Norvège, 3ème en Allemagne, 6ème en Finlande; bien des chanteuses françaises du siècle présent seraient prêtes à massacrer tous les membres de leurs propres familles pour réussir une performance similaire). Mais avant « Africa », Rose Laurens a fait certaines choses et ce que peu de gens dans le grand public savent, c’est qu’elle a débuté à 20 ans sous sa véritable identité (Rose Podwojny) au sein d’un groupe de Rock Progressif répondant au nom de SANDROSE.

SANDROSE, nous y voici. Ce groupe s’est formé en 1970 à l’initiative du guitariste Jean Pierre Alarcen (considéré à l’époque comme un des plus doués de sa génération en France), du bassiste Christian Clairefond et de l’organiste Henri Garella, qui avaient joué auparavant au sein d’EDEN ROSE, qui venait juste de se splitter. Ces musiciens ont été rejoints par Rose Podwojny et l’aventure de SANDROSE démarre alors. Un album sans titre sort en avril 1972.

Cet album éponyme de SANDROSE, le seul du groupe, est donc à forte coloration Rock Progressif, tout en étant parsemé de relents Folk et de consonances symphoniques. On sent que ce groupe français s’est beaucoup imprégné des influences de KING CRIMSON et GENESIS, notamment. De plus des instruments comme l’orgue et le mellotron sont très présents dans l’espace sonore du disque. SANDROSE tire remarquablement son épingle du jeu sur « Old Dom Is Dead », un morceau qui permet d’admirer la structure musicale qui progresse crescendo, monte en intensité et sur lequel le guitariste Jean Pierre Alarcen fait pleurer son instrument comme personne ne saurait faire; ainsi que sur « To Take Him Away », une ballade progressive de 7 minutes aux arrangements raffinés, sophistiqués qui est un modèle de subtilité, sur laquelle Rose Podwojny n’en fait pas des caisses et enfin un final instrumental vient conclure les hostilités. La chanteuse montre toutefois quelques limites sur « Summer Is Yonder », pourtant un bon morceau joué à la flûte qui possède une ambiance planante contrebalancée par quelques moments un peu plus chargés d’adrénaline. Elle se montre plus à son aise sur « Vision », un titre Rock Psychédélique teinté de Folk avec des mélodies mélancoliques, un chant plaintif, presque désespéré, de belles envolées guitaristiques appuyées par une orgue solide pour enrober le tout et une alternance de passages doux et plus tourmentés, plus intenses, ainsi que sur « Never Good At Sayin’ Goodbye », une ballade atmosphérique crépusculaire, teintée d’amertume qui n’est pas mal, mais un peu courte. Le groupe laisse libre court à ses envies d’en découdre sur 2 instrumentaux: « Underground Session » est une pièce musicale de 11 minutes qui contient de belles arabesques déployées par le guitariste et l’organiste et permet de faire voyager l’auditeur, puis à mi-parcours l’ensemble est interrompu par une cassure pour repartir sur des bases plus foncièrement Rock, le tout étant renforcé par une ambiance plus sombre, des choeurs poignants, des passages épiques et le résultat est magistral, cette pièce symphonico-progressive s’avère digne de figurer sur une B.O de film. Enfin, « Metakara » est une compo progressive rythmée aux relents jazzys assez colorée, riche sur le plan mélodique et entrainante qui permet, une fois encore, d’admirer les talents de Jean Pierre Alarcen. Par contre, la conclusion de cet album est plutôt bizarre: « Fraulein Kommen Sie Schlafen Mit Mir » (dont la traduction littérale en allemand est: « madame, venez dormir avec moi »; typiquement le genre de truc qui ferait grimper aux rideaux les féministes d’aujourd’hui) s’apparente à une fanfare de 30 secondes inutile, une sorte de remplissage pour rien prétexte à conclure le disque.

Cet unique album de SANDROSE est relativement calme dans l’ensemble, plutôt axé sur la mélodie, le savoir-faire des musiciens. Il permet aussi d’écouter ce qu’avait fait Rose Podwojny avant qu’elle opte pour le nom de Rose Laurens: elle a sur ce disque une voix à la fois claire et puissante et si elle se montre relativement à la hauteur, elle montre aussi par instants des faiblesses, mais ce n’est pas pour autant rédhibitoire. Cet album aurait mérité un meilleur accueil de la part du public français, même s’il n’est pas évident d’accès dès le premier coup car le groupe avait un certain potentiel pour réussir, se bonifier avec le temps. Après cet album, l’aventure de SANDROSE a pris fin et chaque musicien est parti de son côté… 

Tracklist:
1. Vision
2. Never Good At Sayin’ Goodbye
3. Underground Session
4. Old Dom Is Dead
5. To Take Him Away
6. Summer Is Yonder
7. Metakara
8. Fraulein Kommen Sie Schlafen Mit Mir

Line-up:
Rose Podwojny (chant)
Jean Pierre Alarcen (guitare)
Christian Clairefond (basse)
Michel Jullien (batterie)
Henri Garella (orgue, mellotron, clavecin)

Label: Polydor

Production: Poplico Music