THE BARRACUDAS fait partie de ces groupes cultes des 80’s qui, s’ils n’ont obtenu aucune reconnaissance sur le plan commercial, ont eu une activité intense durant leur première période d’activité entre fin 1978 et 1984. Ce groupe anglais originaire de Londres était alors très porté sur le revival 60’s en pratiquant une musique connotée Garage-Rock avec des touches Surf-Rock, tirant par instants vers les débuts du Punk, voire la Power-Pop.

Un premier single, « I Want My Woody Back », avait été lancé en éclaireur au cours de l’année 1979, puis le label Zonophone a fini par signer THE BARRACUDAS. Déterminé à battre le fer tant qu’il était chaud, ce groupe anglais nostalgique des 60’s a publié d’autres singles en 1980/début 1981. Puis, ayant suffisamment de matériel à disposition, il a finalement sorti son premier album, intitulé Drop Out With the Barracudas en 1981. Celui-ci renferme tous les singles sortis au cours de la période 1980/1981.

L’un des singles marquants de ce disque est « Summer Fun », mis sur orbite par une intro délirante de 40 secondes montrant des programmateurs radios présentant le groupe anglais avant d’enchainer dans une veine Punk/Garage-Rock quelque part entre les RAMONES et les BEACH BOYS. Energique, enrobé de choeurs désinvoltes, ce titre donne envie de secouer la tête et s’avère délicieusement anti-prise de tête. Il s’était d’ailleurs classé 37ème du Top singles britannique pendant l’été 1980 (soit 6 mois avant la sortie de l’album) et ce fut historiquement l’unique apparition de THE BARRACUDAS dans les charts. L’été est également à l’honneur sur « His Last Summer », une compo plus 60’s que nature au parfum Surf-Rock qui est marquée par la présence d’une orgue, de choeurs insouciants, ainsi que d’une rythmique Rockabilly. L’esprit Surf-Rock est présent à plusieurs reprises, comme sur « Violent Times », un titre marqué par des mélodies envoûtantes, un chant léger, voilé, des choeurs désinvoltes, ou encore « California Lament », qui commence comme un slow chanté en choeurs pendant 45 secondes, puis voit ensuite le rythme se muscler et des choeurs mélancoliques et enlaçants se greffer à l’ensemble. L’influence du Punk est toute aussi manifeste chez THE BARRACUDAS qui fait montre de son efficacité sur des titres tels que « I Can’t Pretend », avec des guitares juteuses pleines d’entrain, une rythmique au taquet qui ne relâche pas la pression, « This Ain’t My Time », une compo rythmée, jouée spontanément qui est mise en évidence par un refrain entêtant, un chant incantatoire et synthétise bien les influences Garage, Punk et Pop du groupe, « Somewhere Outside » qui évolue davantage sur un tempo moyen avec des mélodies légères, une certaine insouciance, les remuants « Campus Tramp » et « Somebody » qui évoquent le fantôme des STOOGES (Cf. les choeurs arrogants qui répondent au chanteur sur le refrain de « Somebody ») tout en mettant l’accent sur la mélodie, « On The Strip », entre Power-Pop et le Punk des débuts qui est marqué par la présence de clap-hands et sur lequel les musiciens sont survoltés ou  encore « (I Wish It Could Be) 1965 Again », un brûlot joué sur le fil du rasoir, dégageant un vrai sentiment d’urgence avec son solo ultra-court, qui déborde de nostalgie et sur lequel l’enthousiasme des musiciens, pour rendre hommage à leurs idoles des 60’s, est plus que palpable. Plus dans l’air du temps, le mid-tempo « I Saw My Death In A Dream Last Night », dont la sensibilité à fleur de peau ne fait aucun doute avec ses sonorités d’orgue inquiétantes, son ambiance désenchantée (le chanteur Jeremy Gluck appuie beaucoup là-dessus), son refrain étourdissant, se situe davantage entre le Post-Punk de ce début des 80’s et le revival 60’s. THE BARRACUDAS est quand même le plus dans son élément lorsqu’il est totalement imprégné de le l’esprit revival 60’s et le fait savoir sur « Don’t let Go », une compo entre Garage-Rock et Folk-Rock qui est enrobée de guitares claires, légèrement empreinte d’amertume et de nonchalance et dont les mélodies sont un vrai délice pour les oreilles. Dans le même esprit, THE BARRACUDAS s’est fait plaisir en reprenant « Codeine », une chanson traditionnelle de Buffy SAINT MARIE (qui date de 1964) qui est ici chargée d’émotion, d’électricité et sur laquelle le groupe s’est fendu d’un solo habile.

THE BARRACUDAS, bien que très marqué par ses influences 60’s, a quand même su injecter dans sa musique sa touche personnelle et Drop Out With The Barracudas fleure bon le revival 60’s/début 70’s, sans pour autant paraitre daté. Le groupe anglais a signé là un album assez réjouissant, jubilatoire en dépit de son côté retro. Celui-ci aurait mérité un meilleur accueil à sa sortie, d’autant que les compos le font vraiment. Bref, Drop Out With The Barracudas fait partie de ces disques cultissimes de ce début des 80’s.

Tracklist:
1. I Can’t Pretend
2. Violent Times
3. Don’t Let Go
4. Codeine
5. This Ain’t My Time
6. I Saw My Death In A Dream Last Night
7. Somewhere Outside
8. Summer Fun
9. His Last Summer
10. Somebody
11. Campus Tramp
12. On The Strip
13. California Lament
14. (I Wish It Could Be) 1965 Again

Line-up:
Jeremy Gluck (chant)
Robin Wills (guitare, chant)
David Buckley (basse, synthés)
Nick Turner (batterie)

Label: Zonophone

Producteurs: John David, Kenny Laguna & Pat Moran